
Nous avons tous rencontré une personne qui semble attirer la réussite. Elle trouve le bon emploi au bon moment, croise « par hasard » quelqu’un qui lui ouvre des portes, ou bénéficie de coups de pouce imprévus qui transforment sa vie. On appelle cela de la chance. Mais est-ce vraiment une simple affaire de hasard ? Et si la chance pouvait se provoquer, se cultiver comme une compétence ?
Longtemps considérée comme un mystère, la chance est aujourd’hui scrutée par la psychologie, les neurosciences et même la philosophie. Cet article explore en profondeur ce concept fascinant, en répondant à une question essentielle : la chance est-elle une compétence que nous pouvons développer ?
1. Qu’est-ce que la chance ?
Au quotidien, nous avons tendance à voir la chance comme une coïncidence heureuse, quelque chose d’imprévisible et d’incontrôlable. Pourtant, lorsqu’on s’y penche de plus près, la définition devient plus subtile.
La chance, au sens courant, désigne :
Un événement positif, survenant de manière imprévue et sans intervention consciente apparente de notre part.
Mais la psychologie distingue deux formes de chance :
La chance passive, celle qui repose sur le hasard pur : tirer le bon numéro à la loterie, par exemple.
La chance active, ou la chance créée, qui est le fruit de comportements, d’attitudes, et d’une manière d’interagir avec le monde.
Richard Wiseman, psychologue britannique, a mené une étude célèbre sur les personnes qui se déclarent chanceuses ou malchanceuses.
Sa conclusion ? Les « chanceux » créent leur chance par une série d’attitudes :
Ils sont ouverts aux nouvelles expériences, savent tisser des réseaux sociaux.
Ils font confiance à leur intuition et restent optimistes, même en cas d’échec.
J’ai mon meilleur ami qui fait partie de cette catégorie de personne. Je l’ai souvent pris pour un pur chanceux, un veinard. Je ne peux pas écrire l’expression que l’on emploie dans mon Borinage natal, mais vous me comprenez. Mais dans la réalité c’est quelqu’un qui a accumulé tellement d’expérience, de connaissances, de relation dans son domaine qu’il réussit tout ce qu’il entreprend. Je n’ai pas dit que c’était facile pour lui, mais il tombe toujours juste et optimiste même dans les moments difficiles. Autrement dit, aujourd’hui j’ai compris à travers mes recherches pour cet article que la chance n’est pas un don du ciel : c’est une combinaison d’ouverture, d’action, de persévérance… Ce qui ressemble fort à une compétence.
2. Comment les anciens envisageaient-ils la chance ?
- La chance, une force divine ou mystique.
Les civilisations anciennes avaient une relation presque personnelle avec la chance, qu’elles considéraient comme une puissance supérieure.
Chez les Grecs, la déesse Tyché incarnait la chance et le destin. Elle était représentée tenant une roue, symbole du hasard, et une corne d’abondance, symbolisant les dons qu’elle pouvait accorder… ou non.
Chez les Romains, Fortuna gouvernait le sort des hommes. Sa roue tournait sans prévenir, apportant la gloire ou la ruine. Mais les Romains cherchaient à s’attirer ses faveurs à travers des rituels, des offrandes, et des comportements censés favoriser la bonne fortune.
- La chance, fruit de la vertu et de l’action.
Les philosophes antiques pensaient aussi que la chance récompensait les vertueux et les courageux :
Pour Aristote, la chance arrivait à ceux qui agissaient. Il disait : « La fortune aime les braves ».
Le stoïcien Sénèque résumait cette idée ainsi :
« La chance, c’est ce qui arrive quand la préparation rencontre l’opportunité. »
Autrement dit, ceux qui se préparent, qui s’entraînent et qui anticipent, augmentent leurs chances de succès lorsqu’une opportunité se présente.
- La chance serait donc provoquée par des actions concrètes
Les anciens pratiquaient aussi :
La divination, pour se préparer aux événements.
Les sacrifices rituels, pour s’attirer la bienveillance des dieux.
La prudence et la stratégie, en affaires ou en guerre, afin de multiplier leurs chances de succès.
3. Ce que disent les neurosciences sur la chance.
Les avancées en neurosciences nous apportent un éclairage scientifique sur la notion de chance. Non, il n’y a pas de zone cérébrale « de la chance », mais il existe bien des processus mentaux qui favorisent l’apparition d’événements positifs.
- Le biais de confirmation et la perception sélective.
Notre cerveau est programmé pour confirmer ce qu’il croit vrai. Si nous pensons être chanceux, nous sommes plus enclins à repérer les bonnes occasions et à interpréter positivement les événements.
Pour faire court, un cerveau optimiste est plus attentif aux opportunités. Un cerveau pessimiste ignore ces signaux, même s’ils sont là.
- Le rôle du cortex préfrontal et de l’intuition.
Le cortex préfrontal, siège de la prise de décision et de l’anticipation, est essentiel. Les personnes « chanceuses » font plus confiance à leur intuition. Cette intuition est en réalité le fruit de connexions neuronales solides, issues de leurs expériences passées.
La plasticité cérébrale.
La neuroplasticité (la capacité de notre cerveau à se renouveler et à créer de nouvelles connexions) montre que nous pouvons entraîner notre cerveau à devenir plus attentif, plus curieux, plus ouvert à l’inconnu. Ce sont précisément les comportements qui, selon Wiseman, créent la chance.
4. Les preuves que l’on peut développer sa chance.
- Les expériences de Richard Wiseman.
Dans son ouvrage The Luck Factor, Wiseman a suivi des centaines de personnes. Il leur a proposé d’adopter les comportements des personnes chanceuses :
Ces comportements étaient les suivants :
Être plus ouvert aux opportunités.
Parler à des inconnus. Suivre son intuition. Se montrer plus persévérant.
Les résultats ne se font pas attendre :
Après quelques semaines, les personnes ont vu leurs expériences positives augmenter, ils se sont sentis plus chanceux et surtout ils ont constaté que leur qualité de vie s’est améliorée.
- Les études sur l’optimisme.
Des chercheurs comme Martin Seligman, pionnier de la psychologie positive, ont prouvé que l’optimisme influence notre capacité à saisir les opportunités et à rebondir après un échec.
Ces deux ingrédients sont essentiels pour développer sa chance. De plus, il met en évidence le rôle du réseau social, car les études montrent que les personnes ayant un réseau social étendu et diversifié ont plus d’opportunités. La chance, c’est aussi être connecté aux bonnes personnes, au bon moment.
5. Une stratégie originale pour développer votre chance.
Passons à la pratique.
Voici une stratégie en 5 étapes pour devenir plus chanceux, inspirée à la fois des neurosciences, de la sagesse antique et de la psychologie moderne. C’est un véritable entraînement !
- Cultivons une attitude d’ouverture radicale.
Engageons une nouvelle conversation chaque jour avec une personne inconnue (au café, à la salle de sport, dans une file d’attente).
Pourquoi ? Cela multiplie les occasions de découvertes et d’opportunités.
- Tenons un journal des opportunités
Chaque soir, notons 3 opportunités que nous avons repérées dans la journée, même minimes.
Cela entraîne notre cerveau à focaliser son attention sur les chances à saisir, au lieu de se laisser happer par les difficultés.
- Faisons confiance à notre intuition (entraînons-la !)
Avant de prendre une décision, écoutons notre premier ressenti, puis validons-le ou non par la réflexion. L’intuition se muscle avec l’expérience et l’écoute de soi.
- Soyons prêts et préparés (principe de Sénèque)
Développons en permanence nos compétences. Formons-nous, apprenons, entraînons-nous, même quand rien ne se passe. Soyons persévèrant.
Le jour où une opportunité surgit, soyons prêts à la saisir, là où d’autres hésiteront.
- Créons des micro-actions improbables
Lançons des actions inhabituelles chaque semaine : postons un message inspirant sur nos réseaux, proposons un café à un collègue que nous connaissons peu, tentons un concours bref sortons un peu de notre zone de confort…
Ces actions créent des effets domino invisibles qui, à terme, favorisent les heureux hasards.
Conclusion : la chance est une compétence… à travailler !
La chance n’est ni une fatalité ni un simple hasard. C’est une capacité à provoquer l’opportunité, à créer les conditions pour que le monde extérieur réponde à notre ouverture, notre curiosité et notre engagement.
Les anciens l’avaient déjà compris : « la fortune sourit aux audacieux ». Aujourd’hui, les neurosciences et la psychologie positive confirment que nous avons le pouvoir de devenir plus chanceux.
La clé est de changer de posture intérieure, d’adopter une stratégie active et de croire que tout est possible.
La chance n’est pas un miracle…
C’est une compétence que l’on peut développer un peu plus chaque jour. C’est à nous d’en prendre conscience de faire des essais, d’oser bref c’est à nous de jouer !
Bref, si je voulais que vous reteniez trois choses de cet article :
La chance se provoque grâce à l’ouverture, l’apprentissage, la persévérance, l’intuition et l’action.
Les neurosciences montrent que notre perception influence la détection des opportunités.
Des exercices pratiques permettent de développer notre chance comme une compétence.
À très vite pour la suite.