Quand j’observe les personnes autour de moi, je remarque de plus en plus qu’on nous fait accepter des choses qui sont inacceptables. Certaines personnes « de pouvoirs » actionnent des manipulations psychologiques qui déclenchent la culpabilité, la peur, voir même du mal-être plus profond chez les personnes plus fragiles avec leur estime d’elle.
Qui n’a pas entendu des phrases du type : tu peux bien faire l’effort après tout ce que j’ai fait pour toi ! Tout le monde l’a toujours fait ! Ça serait bien si tu veux garder ta place ! Franchement, à part toi, je n’ai personne d’autre pour accomplir ce travail ! Tu peux bien faire ça pour l’équipe ! Tu serais vraiment gentil si… ! Tu ne penses qu’à toi ! Tu n’as pas le choix, c’est comme ça ! Je compte sur toi ! Si tu fais ça, je saurai m’en souvenir !… Liste non exhaustive de petites phrases qui ponctuent les diverses demandes.
Comme vous, je fais quotidiennement face à des propositions qui sont des ordres déguisés et qui viennent polluer mon quotidien. Parfois, ces demandes sont fondées. Elles vont dans le sens d’un bien-être collectif. Mais souvent, elles sont justes-là pour pallier aux manquements, ou sont les choix de quelques personnes qui pensent que pour réaliser leurs désirs, nous sommes là pour les servir et exécuter les injonctions qu’elles nous transmettent.
D’où vient cette docilité ?
Dès l’enfance, nous avons été conditionnés !
Pour être aimé de nos parents, on a appris à « faire plaisir ». À l’école, pour plaire à nos enseignants, nous avons appris à servir d’exemple, à être gentils. Face au groupe, nous avons adapté nos comportements, nos tempéraments, par peur du conflit ! Nous avons apprivoisé le vivre ensemble. Pour ne pas nous faire rejeter, nous avons bien compris que nous étions bien vus du groupe quand nous collaborions. Nous nous sommes fait sévèrement réprimer si nous avions un peu trop pensé à nous et bien assimilé que l’égoïste c’était mal.
Ne nous a-t-on pas conditionnés à devenir dociles et malléables ? Heureusement, me direz-vous !
Oui, car on a appris le respect. Mais non ! car jamais personne ne nous a expliqué que nous avions le droit d’être nous, que c’était normal d’avoir des besoins, de nous respecter. Que c’était légitime de dire non quand les choses ne nous convenaient pas ! Et encore moins d’avoir la liberté d’exprimer pourquoi elles ne nous convenaient pas.
Sois beau et tais-toi ! et surtout fais-ce que l’on te dit ! c’est pour ton bien !
Alors quand on est jeune, respectueux et naïf ! On dit oui ! On pense que c’est normal, qu’il faut bien faire ses preuves, faire plaisir, être gentil ! Puis on prend de l’âge. Ces obligations nous pèsent, mais souvent, on n’ose rien dire de peur de déplaire. On culpabilise, on dit oui pour éviter les conflits, on dit oui parce qu’on se sent contraint, parce qu’on entretient le besoin d’être important pour l’autre. Pourtant on sait qu’au fond de nous ce que l’on nous demande ne nous apporte rien d’autre que de ne pas culpabiliser. Les années passent et un jour la coupe est pleine et l’on dit NON avec violence ! C’est l’incompréhension !
Pouvez-vous seulement imaginer comme c’est violant dedans quand c’est violant dehors ?
Nous avons laissé remplir le vase et jamais nous n’avons pris le temps de nous écouter, d’entendre la souffrance qui s’accumulait en nous. En acceptant de servir les autres, nous nous sommes desservis, oubliés, vidés de nous.
Ça conduit ou tout ça ? À un nom de plus en plus utilisé : le burnout.
Pourquoi c’est si difficile de dire non ?
Il existe plusieurs raisons pour lesquelles nous pouvons ressentir des difficultés à pousser ce non si salvateur, à une exigence ou à une invitation. La principale est la culpabilité ! C’est le mot important ! La culpabilité c’est cette petite voix à l’intérieur qui vient saper notre estime de nous. Voici quelques-unes des majeures raisons qui nous prennent la tête :
La peur de déplaire aux autres : nous craignons que dire non déçoive ou contrarie la personne qui a fait la demande.
Le besoin de plaire : Nous sommes nombreux à développer un fort besoin de reconnaissance vis-à-vis des autres et de se sentir acceptés. Dire non peut être perçu comme un risque de perdre l’approbation ou l’affection d’une personne.
La sensibilité à la pression sociale : Dans certaines cultures ou environnements sociaux, dire non est perçu comme injurieux ou comme un acte égoïste. La pression sociale qui veut que nous soyons toujours disponibles et serviables peut conduire à la culpabilité de refuser une demande.
La peur du conflit : Si nous disons non, on peut parfois générer une polémique ou un désaccord avec la personne qui a fait la sollicitation. La peur de l’affrontement avec notre conjoint ou notre supérieur peut nous amener à éviter de dire non, même lorsque c’est nécessaire.
Le sentiment d’obligation : Nous pouvons nous sentir obligés d’accepter les sollicitations des autres en raison d’un sentiment de devoir ou de responsabilité envers eux. Dire non peut être perçu comme un manquement à nos obligations.
La perception de l’égoïsme : Nous pouvons également associer le fait de dire non à de l’égoïsme ou à un manque de générosité. Cette perception peut conduire à se sentir coupable de prioriser ses propres besoins et limites.
Aujourd’hui, je sais avec un fort travail sur l’estime de soi qu’il est important de reconnaître que dire non est souvent nécessaire pour préserver notre essentiel ce qui fait sens pour moi, mais aussi garantir mon bien-être, ma santé mentale et mon équilibre personnel.
Pourquoi est-ce important d’apprendre à dire non ?
Protéger nos propres limites :
Dire non nous permet de définir et de préserver nos propres frontières. Cela aide à éviter de s’engager dans des activités ou des situations qui peuvent être épuisantes, stressantes ou nuisibles pour notre bien-être physique et mental.
Préserver notre temps et notre énergie :
Dire non nous permet de préserver notre temps et notre vitalité en nous concentrant sur les activités et les relations qui sont vraiment importantes pour nous. Cela évite de gaspiller des ressources précieuses sur des engagements non essentiels ou non satisfaisants.
Maintenir l’équilibre :
Dire non nous permet de maintenir un équilibre sain entre nos obligations professionnelles, familiales et personnelles. Cela nous aide à éviter de nous surcharger de tâches et de responsabilités, ce qui peut entrainer du stress, de l’épuisement et du ressentiment.
Promouvoir le respect de soi-même :
Apprendre à dire non renforce le respect de soi-même en reconnaissant nos propres besoins, désirs et limites. Cela contribue à renforcer notre estime de soi et notre confiance en nous, car nous assumons la responsabilité de prendre soin de nous-mêmes.
Établir des relations saines :
Dire non de manière respectueuse et assertive favorise des relations plus saines et plus équilibrées. Cela encourage les autres à respecter nos limites et à reconnaître nos besoins, ce qui peut renforcer les liens relationnels et favoriser une communication ouverte et honnête.
Favoriser la croissance personnelle :
Apprendre à dire non nous permet de sortir de notre zone de confort et de développer notre capacité à prendre des décisions difficiles. Cela peut être un moyen de défier nos propres croyances et nos schémas de pensée limitants, favorisant ainsi notre croissance personnelle et notre développement.
Comme vous commencez à le percevoir, apprendre à dire non est essentiel pour préserver notre bien-être, notre équilibre personnel et nos relations, tout en favorisant notre croissance et notre développement personnels. C’est un aspect important de la gestion de notre temps, de notre énergie et de nos ressources, et cela contribue à renforcer notre respect de soi-même et notre capacité à mener une vie épanouissante et satisfaisante.
Comment apprendre à dire non de façon raisonnable !
Attention, savoir dire NON ne veut pas dire tout refuser de façon systématique et d’une manière inappropriée. Voici quelques conseils qui pourront nous aider dans la mise en place de cette nouvelle compétence.
Commençons par y aller étape par étape. (step by step, comme on dit là-bas !)
Pour que cela soit plus facile, commençons par dire non aux gens à qui cela nous coûtera le moins de refuser un service, et progressivement, essayez de dire non à ceux devant qui nous n’osons pas nous imposer.
A. Ne pas nous engager trop vite surtout si la demande est très pressante.
Nous recevons une sollicitation et directement la personne nous met la pression pour que nous acceptions. Nous avons le droit de réfléchir à quelles vont être les conséquences de notre oui ! Ce à quoi cela va nous engager.
À quoi allons-nous dire oui ?
Mais aussi ce à quoi nous allons dire non en répondant oui ! Si nous répondons, non ! À quoi allons-nous nous dire oui en répondant non ? C’est méga important : à quoi allons-nous dire oui si nous disons non ? Il est là notre anti-culpabilité.
B. Évitons les excuses ou les explications excessives :
Nous n’avons pas besoin de nous justifier ou de fournir une longue liste de raisons pour dire non. Soyons brefs et concis dans notre refus, mais surtout restons respectueux.
Pour dire non, la meilleure chose à faire de donner une explication courte et de s’en tenir.
Évitons à tout prix d’expliciter notre décision au risque de montrer à notre interlocuteur que nous ne sommes pas sûrs et qu’il peut nous convaincre de changer d’avis.
C. Soyons reconnaissants malgré que nous savons que nous allons dire non:
Nous allons dire non à un ami qui nous demande un service ? Ce n’est pas parce que nous allons dire non que nous ne pouvons pas nous montrer polis. Nous pouvons ainsi lui répondre « Merci d’avoir demandé/pensé à moi, mais c’est impossible pour moi de t’aider aujourd’hui ».
D. Proposons une alternative:
L’idée de proposer une alternative permet de refuser avec plus de facilité la demande. Elle donne une autre option à la personne, et nous permet de nous sentir plus tranquille pour dire non ».
Notre supérieur décide de clôturer un dossier important et nous demande de rester après nos heures alors que nous avons promis une sortie au cinéma avec nos enfants. Disons-lui : « ce soir c’est impossible, mais je peux arriver un peu plutôt demain matin ».
E. Assumons notre décision:
Nous avons dit non ! Pour ne pas culpabiliser, il est important d’être en accord avec notre décision et de pouvoir l’assumer. Nous devons réfléchir à quelle est cette chose de notre essentiel que notre non pourra réaliser. C’est là que nous assumons nos décisions, de faire en sorte que le oui soit oui, et que le non soit non. Il est important qu’une fois la décision prise, on reste ferme sur nos positions, sans changer d’avis ! Concentré sur notre essentiel, sur ce qui fait sens pour nous.
F. Pratiquons l’autocompassion :
Rappelez-nous que dire non est un acte de soin envers vous-même. Soyons gentils avec nous-mêmes et pardonnons-nous si nous ressentons une certaine culpabilité au début. Reconnaissons que nos besoins et notre bien-être sont importants. « J’aurais aimé vous aider, mais j’ai déjà une multitude d’occupations personnelles, j’en suis vraiment désolé ».
Apprendre à dire non de manière assertive et respectueuse tout en se respectant et en respectant les autres est très apaisant pour les deux personnes. Et puis si nous avons dit oui, pas la peine de nous en vouloir et d’avoir des regrets ! C’est une expérience, c’est le chemin obligatoire pour apprendre à dire non la prochaine fois.
5. Pour terminer
La prochaine fois que vous avez envie de dire NON, quel que soit votre interlocuteur, remarquez ce que cela provoque en vous, identifiez les émotions et peut-être votre conditionnement antérieur. Oser dire NON, c’est justement respecter ses besoins. Chacun est responsable de son bonheur, de son équilibre, donc posez-vous les bonnes questions sur ce qui vous bloque et ce qui se joue ou rejoue inconsciemment.
Si vous sentez que vous êtes dans la peur, entrainez-vous devant la glace, travaillez votre visualisation, imaginez-vous la personne à qui vous allez dire non. Qu’allez-vous lui dire ? Comment allez-vous vous approprier les conseils de cet article ?
N’oubliez pas : dire oui à tout, c’est ne pas se respecter dans nos besoins, nos sentiments.
Dire NON ne doit pas se faire dans l’agressivité ou l’irrespect envers l’autre.
Dire NON n’est pas culpabilisant si vous pouvez visualiser à quoi vous dites oui.
À très vite pour la suite !
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