Dans un monde où tout semble aller de plus en plus vite, la patience devient une qualité rare, mais d’autant plus précieuse. Pourquoi est-elle si essentielle ? D’où vient-elle ? Comment pouvons-nous la cultiver ? Et quelles approches de coaching et de philosophies, comme le stoïcisme, proposent des stratégies pour l’ancrer profondément en nous ? Cet article explore ces questions et vous propose, en finalité, une méthode en 5 étapes pour développer une patience à toute épreuve.
1. Qu’est-ce que la patience ? et d’où vient-elle ?
La patience, souvent définie comme la capacité à tolérer les délais, les frustrations ou les difficultés sans se mettre en colère, trouve ses racines dans des mécanismes biologiques et psychologiques.
Sur le plan biologique, la patience est intimement liée au cortex préfrontal, cette partie du cerveau responsable de l’autorégulation et de la prise de décision rationnelle. Lorsqu’elle est bien développée, elle nous aide à résister aux impulsions et à différer la gratification immédiate.
Cependant, notre cerveau reptilien, plus primitif, privilégie les réponses rapides, ce qui explique pourquoi être patient peut parfois sembler contre nature.
La patience est aussi façonnée par notre éducation et notre culture. Dans des sociétés valorisant l’instantanéité, la patience tend à être perçue comme une faiblesse. Pourtant, dans d’autres traditions, elle est vue comme une vertu fondamentale.
Les civilisations modernes, en particulier celles façonnées par la technologie et la consommation, tendent à privilégier la rapidité et l’instantanéité. Les délais sont souvent perçus de la même manière que des obstacles, et l’attente peut même être associée à un manque d’efficacité.
Dans ce contexte la patience est parfois perçue comme une faiblesse, car elle s’oppose au besoin d’agir vite, de produire rapidement ou de réagir instantanément.
L’éducation encourage dans certains cas l’impatience : l’accès rapide à des réponses via Internet, les applications de livraison instantanée, et les programmes éducatifs centrés sur des résultats rapides amplifient cette mentalité.
D’autres sociétés, souvent influencées par des traditions spirituelles ou philosophiques anciennes, voient la patience comme une qualité essentielle à une vie harmonieuse et épanouissante.
Dans les pratiques orientales (comme le bouddhisme ou le confucianisme), la patience est une force intérieure. Elle est liée à l’idée de tolérance, de résilience et de compréhension des cycles de la vie.
Dans l’éducation traditionnelle : Les enfants sont souvent encouragés à cultiver la patience à travers des pratiques comme la méditation, l’apprentissage de l’art ou des jeux nécessitant de l’endurance mentale, comme les échecs.
Pourquoi ces différences ?
Ces différences s’expliquent en partie par :
Le rythme de vie : Les sociétés rurales ou traditionnelles, où les activités suivent les cycles naturels, ont tendance à valoriser la patience. En revanche, les sociétés urbaines, focalisées sur la productivité, y attachent moins d’importance.
Les valeurs sociétales : Les cultures où la sagesse et l’équilibre émotionnel sont des idéaux exaltent souvent la patience, tandis que celles où le progrès et la compétition sont au premier plan la mettent de côté.
Comment cela se traduit-il dans nos vies ?
Selon notre éducation et notre environnement culturel, nous avons des « réflexes de patience » différents. Si nous avons grandi dans une culture valorisant l’immédiateté, il peut être plus difficile de cultiver la patience en tant qu’adulte. Mais il est tout à fait possible de réapprendre cette qualité par des pratiques conscientes, comme la pleine conscience ou des exercices de gratitude.
2. Pourquoi la patience est-elle si difficile à cultiver ?
Je ne sais pas si c’est mon avancée en âge, mais plus j’apprends de la patience et plus je trouve que nos enfants, les adolescents et même parfois certains adultes autour de moi, en ont de moins en moins pour ne pas dire qu’ils en sont totalement dépourvus. Mais pourquoi de tels changements ? Les jeunes ont toujours été moins patients que leurs parents et c’est normal, mais aujourd’hui on en arrive à un extrême qui devient préoccupant. Il me fallait donc comprendre quels sont les facteurs qui mettent à l’épreuve cette patience.
La patience est mise à l’épreuve par plusieurs facteurs, mais ce qui saute tout de suite aux yeux ce sont les notifications constantes de notre précieux (entendez GSM) qui conditionnent notre cerveau reptilien à rechercher des récompenses immédiates. Lire : https://nosetadam.com/index.php/2024/09/08/comment-remplacer-notre-addiction-aux-eseaux-sociaux-par-des-activites-enrichissantes/
De plus notre système économique valorise les résultats rapides, ce qui peut rendre difficile l’acceptation des délais nécessaires à une croissance durable.
Enfin, de nombreux biais cognitifs (au moins dix) influencent négativement notre patience en distordant notre perception des délais, des attentes et des efforts nécessaires pour atteindre un objectif.
Les biais cognitifs sont des déformations systématiques dans la manière dont nous traitons et interprétons l’information, généralement inconscientes, influençant nos jugements et décisions. Ils agissent comme des raccourcis mentaux qui permettent de simplifier des décisions complexes, mais peuvent aussi provoquer des erreurs d’analyse et de perception.
Voici quelques-uns des principaux biais qui jouent un rôle dans ce processus et des exemples pratiques pour mieux les comprendre.
Le biais de gratification immédiate. Il nous pousse à préférer une petite récompense immédiate plutôt qu’une plus grande récompense différée. Il reflète notre difficulté à attendre pour un bénéfice futur.
Nous choisissons de regarder une série plutôt que de travailler sur un projet important, car le plaisir est immédiat, alors que les résultats du projet sont différés. Il renforce l’impatience en nous rendant moins tolérants aux délais nécessaires pour atteindre des objectifs à long terme.
Le biais d’encrage. Celui-ci a une fâcheuse tendance à nous faire fixer sur une première information reçue (ancre), même si elle est inexacte ou insuffisante.
Si nous pensons qu’un trajet prendra 10 minutes parce qu’on nous l’a dit une fois, nous devenons impatients si cela dure 15 minutes, même si cette durée est normale.
Ce biais crée des attentes rigides qui, lorsqu’elles ne sont pas respectées, entraînent frustration et impatience.
Le biais d’optimisme excessif. Il nous pousse à sous-estimer le temps ou les efforts nécessaires pour accomplir une tâche, en imaginant un scénario trop favorable.
Nous pensons finir un projet en une semaine, mais nous réalisons qu’il faudra trois semaines. Cette prise de conscience peut provoquer impatience et découragement.
Il rend difficile l’acceptation des délais réels, car ils semblent « trop longs » par rapport à l’estimation initiale.
Le biais de confirmation. Celui-là fait que nous avons tendance à rechercher des informations qui confirment nos croyances préexistantes et à ignorer celles qui les contredisent.
Si nous croyons que « les files d’attente sont toujours interminables », nous nous focaliserons sur les moments où cela se vérifie, renforçant notre impatience dans ces situations.
Ce biais amplifie les perceptions négatives des délais et renforce l’intolérance face aux attentes.
Le biais d’exagération des pertes. Issu de la théorie des perspectives, il fait que nous ressentons les pertes comme plus importantes que les gains équivalents.
Nous percevons l’attente dans une file comme une « perte de temps » importante, même si elle est objectivement insignifiante.
Il accentue l’impression que le temps « perdu » est insupportable, ce qui alimente l’impatience.
Le biais d’aversion au risque. C’est le biais avec lequel nous avons tendance à éviter les risques, même lorsqu’ils pourraient être bénéfiques à long terme, par peur de l’incertitude.
Nous abandonnons un projet nécessitant du temps et de la persévérance parce que nous ne sommes pas certains des résultats. Ce biais limite notre capacité à tolérer des délais pour des récompenses futures incertaines.
Le biais de l’effet d’urgence perçue. Il nous pousse à accorder une priorité excessive aux tâches ou situations qui semblent urgentes, même si elles ne sont pas importantes.
Nous interrompons un travail à long terme pour répondre à un message sans importance parce qu’il semble exiger une attention immédiate.
En valorisant l’immédiateté, ce biais réduit notre capacité à rester concentré sur des tâches nécessitant du temps et de la patience.
Le biais d’effet de négativité qui induit que nous accordons plus d’importance aux expériences négatives qu’aux positives.
Si une attente dans un restaurant dure plus longtemps que prévu, vous pourriez oublier toutes les fois où le service a été rapide, soigné et très apprécié.
Il amplifie les frustrations liées aux délais, rendant plus difficile la gestion de l’impatience.
Enfin et pour ne pas être trop long, l’effet « ici et maintenant » et notre fâcheuse tendance à privilégier fortement les besoins ou envies du moment présent au détriment des bénéfices futurs.
Nous mangeons un gâteau maintenant, même si nous savons que cela compromet nos objectifs de santé à long terme. Ce biais rend difficile le report d’une satisfaction immédiate pour des résultats différés.
Comment surmonter tous ces biais ? Et la liste est encore longue…
Comme vous, je n’avais jamais entendu parler des biais cognitifs avant de suivre ma formation de coach. C’est en prenant conscience de leurs existences que nous pourrons percevoir quand nous tombons sous leur influence. Il est là le premier pas nécessaire pour développer et entretenir notre patience.
Trois questions qui font sens :
Qu’est-ce qui se passe en moi ?
Pourquoi je réagis comme ça ?
Comment réagirai-je la prochaine fois que cette situation se représentera ?
3. Comment développer la patience ? Les stratégies des coachs et des penseurs.
Les stratégies des coachs modernes
De nombreux coachs de développement personnel ont travaillé sur des méthodes pour développer la patience :
Stephen Covey l’auteur des 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent https://amzn.to/3ZELAcm recommande de pratiquer la proactivité, qui inclut le contrôle de ses émotions face aux situations frustrantes.
Tony Robbins https://amzn.to/3VA2JD6 lui met l’accent sur l’importance de la visualisation à long terme, afin de garder en tête les bénéfices futurs et surmonter les tentations du présent.
Byron Katie https://amzn.to/3ZERSZA à travers sa méthode The Work, enseigne comment reconsidérer les pensées stressantes et se libérer des attentes irréalistes.
Et enfin le point de vue stoïcien qui place la patience au cœur de leurs enseignements.
Sénèque disait : « Celui qui supporte tout avec patience est invincible. » Il voyait dans l’endurance une force inébranlable.
Épictète conseillait de concentrer notre attention sur ce qui est sous notre contrôle et d’accepter avec sérénité ce qui ne l’est pas, une approche fondamentale pour cultiver la patience face aux imprévus. Voir article https://nosetadam.com/index.php/2024/08/17/comment-distinguer-ce-qui-depend-de-nous-le-guide-complet-pour-reprendre-le-controle-de-notre-vie/
Chez les bouddhistes, la patience ou kshanti, est l’une des perfections. Elle se pratique en méditant sur la tolérance et la compassion.
Enfin, la psychologie positive, cette discipline moderne encourage la gratitude et la pleine conscience pour renforcer la résilience et la patience.
4. Les bienfaits durables de la patience.
La patience ne se limite pas à une simple vertu ; elle est une compétence transformante.
Dans nos relations avec les autres, elle permet une meilleure écoute, réduisant les conflits inutiles.
Dans notre carrière, la patience rend possibles les projets à long terme qui nécessitent de la persévérance et une vision claire.
Pour notre santé mentale, de nombreuses études démontrent que les personnes patientes ressentent moins de stress et d’anxiété.
5. Une méthode en 5 étapes pour une patience à toute épreuve.
Développer la patience est un processus. C’est impossible de se dire : « ça y est demain je serai patient ! » ça ne fonctionne pas comme ça et il y aura des jours, des mois, des années, une vie ou sans savoir vraiment pourquoi on n’y arrivera pas. Conscient de ça et que c’est en essayant en se plantant que l’on devient un charme de patience, voici une méthode simple, mais puissante à mettre en pratique :
Étape 1 : Pratiquons la pleine conscience.
Je sais que je suis redondant, mais c’est la base, prenons conscience de nos pensées et émotions lorsqu’une situation met votre patience à l’épreuve. La méditation de pleine conscience est un outil précieux pour observer sans juger.
Chaque matin, consacrons 5 minutes à respirer profondément en nous concentrant sur l’air entrant et sortant de nos poumons.
Étape 2 : Identifions nos déclencheurs.
Quels sont les événements ou comportements qui testent notre patience ? Notons-les. La conscience de ces déclencheurs nous permettra de mieux nous préparer.
Nous pourrions tenir un journal et écrire chaque soir les situations où notre patience a été mise à l’épreuve.
Étape 3 : Redéfinissons nos attentes.
Souvent, l’impatience naît de nos attentes irréalistes. En les ajustant, nous pouvons mieux gérer les délais ou frustrations.
Posons-nous la question : « Est-ce que j’attends trop, trop vite ? »
Étape 4 : Pratiquez la gratitude.
Se concentrer sur ce que nous avons déjà, aide à relativiser et à réduire les frustrations liées aux attentes. J’en ai déjà souvent parlé, mais c’est un exercice prodigieux pour changer notre état d’esprit.
Chaque soir, notons 3 choses pour lesquelles nous sommes reconnaissants.
Étape 5 : Passons à l’action avec une perspective à long terme.
Fixons-nous des objectifs à long terme et découpons-les en petites étapes réalisables. Cela nous permettra de garder notre calme face aux défis du quotidien.
Utilisons un calendrier pour visualiser notre progression et célébrons chaque étape franchie.
Conclusion
La patience est une force intérieure qui, bien qu’elle puisse sembler difficile à acquérir, est accessible à tous avec la bonne approche. En nous inspirant des enseignements de philosophes comme Sénèque et des stratégies de coachs modernes, nous pouvons transformer notre relation avec elle, en misant sur le temps et en apprenant des frustrations.
Mettez en pratique la méthode en 5 étapes dès aujourd’hui et observez comment votre quotidien change. La patience, loin d’être une simple vertu, devient alors une arme puissante pour traverser la vie avec sérénité et résilience.
Qu’en pensez-vous ? Quels sont vos défis en matière de patience ? Partagez vos expériences en commentaires, j’ai hâte de vous lire.
À très vite pour la suite.