
Qui n’a jamais cédé à la tentation d’une glace au chocolat après une longue journée, d’une bière bien fraîche en fin de semaine ou de cette portion de frites dorées le vendredi soir ? Nous savons que ces petits plaisirs ne sont pas toujours en phase avec nos objectifs de santé ou de discipline personnelle, et pourtant, ils nous attirent avec une force quasi irrésistible.
La bonne nouvelle, c’est que notre volonté n’est pas une capacité fixe : elle peut se travailler et s’améliorer. Dans cet article, nous allons explorer les mécanismes de la volonté, comprendre pourquoi nous cédons aux tentations et surtout, découvrir des stratégies concrètes pour la renforcer.
1. Comprendre le fonctionnement de la volonté.
La volonté est souvent comparée à un muscle : plus on l’utilise, plus elle se fatigue, mais plus on l’entraîne, plus elle devient résistante.
a) La volonté dans le cerveau : que disent les neurosciences ?
Les neurosciences ont identifié plusieurs régions du cerveau impliquées dans la volonté et le contrôle des impulsions :
Le cortex préfrontal : responsable du raisonnement logique, de la prise de décision et de la gestion des objectifs à long terme. Le cortex préfrontal dorsolatéral gère la planification, tandis que le cortex orbitofrontal et ventromédian gèrent les récompenses et les émotions.
Le striatum et le système de récompense : Fortement impliqués dans la motivation et le plaisir, le striatum, qui fait partie des ganglions de la base, est fortement impliqué dans la motivation et le plaisir. Il est connecté au système de récompense, dominé par la dopamine. Ce système nous pousse à rechercher des gratifications immédiates (comme manger une glace), ce qui entre parfois en conflit avec la volonté de résister.
L’amygdale et le système limbique : Jouent un rôle dans la gestion du stress et des émotions. Lorsqu’on est fatigué ou stressé, l’amygdale prend souvent le dessus et affaiblit notre volonté.
Le cortex cingulaire antérieur : Il aide à surveiller les conflits internes entre une action impulsive et une action réfléchie, nous permettant de mieux ajuster notre comportement.
Ces recherches montrent que la volonté n’est pas une simple question de discipline, mais un équilibre entre plusieurs zones du cerveau. Heureusement, elle peut être renforcée par des exercices comme la pleine conscience, la méditation et une prise de décisions progressive.
b) La théorie de l’épuisement de l’ego.
Des études en psychologie, notamment celles de Roy Baumeister, ont mis en avant l’idée que la volonté fonctionne comme une ressource limitée. Notre volonté fonctionne comme un réservoir d’énergie mentale. Chaque fois que nous résistons à une tentation, que nous prenons une décision difficile ou que nous faisons un effort de concentration, nous puisons dans cette réserve. Et comme toute ressource limitée… elle s’épuise.
Plus la journée avance et plus nous avons utilisé notre volonté — pour nous lever tôt, pour répondre calmement à un collègue agaçant, pour nous concentrer sur un dossier complexe, pour résister à la petite douceur qui nous attend à quatre heures, au calme, dans la cuisine — plus cette réserve diminue. Arrivé en fin de journée, notre cerveau est fatigué de devoir « être fort ». Résultat ? Il choisit la facilité : la gratification immédiate, autrement dit… le canapé, la petite bière, ou les chips devant la télé.
Dans une expérience célèbre, deux groupes de participants sont assis dans une pièce où se trouvent des radis et des chocolats. Le premier groupe a le droit de manger les chocolats, le second groupe doit résister aux chocolats et ne manger que les radis. Ensuite, les deux groupes doivent résoudre un exercice de mathématiques très difficile (et insoluble). Ceux qui ont résisté aux chocolats abandonnent beaucoup plus vite que ceux qui ont pu se faire plaisir. Pourquoi ? Parce qu’ils ont déjà épuisé une partie de leur réserve de volonté en disant non aux chocolats. Ils avaient moins de ressources mentales disponibles pour persévérer dans la tâche suivante.
Chaque décision que nous prenons dans la journée grignote notre réserve de volonté, ce qui nous rend plus vulnérables aux tentations en fin de journée.
c) Le rôle des habitudes et des routines.
Notre cerveau cherche à optimiser son énergie en créant des habitudes. Une fois une action automatisée, elle ne demande plus autant d’efforts conscients. C’est pourquoi, si nous prenons l’habitude de manger sainement ou de résister aux tentations, cela devient de plus en plus facile avec le temps.
Une habitude bien ancrée est une action que l’on fait sans y penser. Elle court-circuite le besoin de prise de décision, donc elle préserve notre réservoir de volonté.
Si nous prenons toujours un petit déjeuner sain automatiquement, nous ne nous demandons pas chaque matin « Est-ce que je prends des céréales sucrées ou de la pâte à tartiner ? ». Le cerveau exécute la routine, et notre volonté reste intacte pour d’autres défis.
Une routine bien pensée structure notre journée autour d’actions alignées avec nos objectifs. Cela réduit l’imprévu, donc les tentations et les choix impulsifs.
Si nous prenons l’habitude d’aller marcher après le souper, il nous est beaucoup plus facile de dire non au canapé et au scroll automatique sur notre téléphone.
Les habitudes rendent les bonnes décisions plus faciles (et les mauvaises plus difficiles)
L’astuce, c’est de construire un environnement et des automatismes qui soutiennent nos choix de long terme. Une fois que nous sommes lancés, la force de l’habitude prend le relais et t’épargne des efforts.
Préparer le diner à l’avance, le soir, nous évite mille microtentations à l’heure du repas (livraison, grignotage, fast-food). Nous n’avons plus besoin de « volonté » chaque midi, car tout est déjà décidé la veille.
d) Le biais du présent.
Le biais du présent nous pousse à privilégier les plaisirs immédiats au détriment des bénéfices à long terme. Cette tendance explique pourquoi nous cédons si facilement à une glace ou à des frites, même si nous savons qu’elles vont à l’encontre de nos objectifs.
Le biais du présent est un mécanisme psychologique qui nous pousse à accorder beaucoup plus de valeur aux récompenses immédiates qu’à celles qui sont différées, même si ces dernières sont plus grandes ou plus importantes.
Ce biais est profondément ancré dans notre cerveau : il vient de notre passé évolutif, à une époque où la survie dépendait de la capacité à saisir immédiatement ce qui était disponible (nourriture, sécurité, reproduction). Aujourd’hui, ce réflexe se retourne souvent contre nous, notamment dans nos efforts de discipline personnelle ou de changement d’habitudes.
En pratique, qu’est-ce que ça donne ?
Nous voulons perdre du poids… mais la glace est là, maintenant.
Résister demande un effort mental important, car le cerveau valorise la récompense immédiate (plaisir sucré) plus que la récompense différée (santé, silhouette, estime de soi). Donc nous mangeons la glace, et on se dit qu’on fera attention demain.
Nous voulons épargner de l’argent… mais cette promo est trop tentante.
Le cerveau sous-évalue le bénéfice futur de l’épargne au profit du plaisir immédiat de l’achat.
Et forcément, achat impulsif, puis culpabilité ou frustration.
Nous voulons nous coucher tôt… mais nous continuons à scroller.
Le plaisir immédiat (distraction, dopamine) est plus attractif que le bénéfice futur (énergie demain, bonne santé).
Et finalement nous nous couchons bien plus tard entrainant fatigue, et mauvaise humeur le lendemain.
Pourquoi ce biais est-il un ennemi de la volonté ?
Le biais du présent court-circuite notre capacité à nous projeter dans le futur. On agit comme si ce futur n’avait pas autant de valeur. Ce biais rend donc la volonté plus difficile à exercer, car il nous pousse à sacrifier nos objectifs de long terme pour des plaisirs à court terme.
Comment y résister à ce biais du présent ?
- Se visualiser dans le futur : imaginer concrètement comment on se sentira après avoir résisté à la tentation (plus léger, plus fier, plus en paix).
- Utiliser des rappels visuels : post-it avec ses objectifs, photos inspirantes, citations motivantes à des endroits stratégiques.
- Se poser la question : « est-ce que ce choix sert la personne que je veux devenir ? »
2. Pourquoi cédons-nous aux tentations ?
Plusieurs facteurs influencent notre capacité à résister aux tentations :
a) La fatigue décisionnelle.
Tout au long de la journée, nous prenons des dizaines de décisions : quoi porter, quoi manger, comment répondre aux emails… À force de décider, notre cerveau s’épuise et finit par choisir la solution la plus facile : céder à la tentation.
b) Le stress et les émotions.
Quand nous sommes stressés ou fatigués, notre cerveau cherche des sources de réconfort. Les aliments riches en sucre, en sel et en graisse activent le circuit de la récompense, ce qui nous procure un plaisir immédiat et temporaire.
c) L’environnement.
Si une tablette de chocolat est posée sur notre bureau, il est bien plus difficile de résister que si elle est hors de vue. Notre environnement influence directement nos choix.
3. Comment renforcer notre volonté ?
a) Planifier ses choix.
Plutôt que de décider au dernier moment si nous allons manger des frites ou non, prévoyons à l’avance nos repas. Cela réduit la charge décisionnelle et diminue la tentation. Depuis que mon épouse tient un semainier de nos repas nous sommes moins tentés de dévier surtout que nous réalisons les commissions en fonction de ce semainier.
b) Utiliser la technique des « si… alors ».
Les plans d’action conditionnels permettent de mieux réagir aux tentations. Nous pouvons par exemple anticiper des situations que la vie place devant nous :
« Si on me propose une glace, alors je prendrai un fruit. »
S’il pleut au moment de mon jogging, je ferai un hiit dans le salon.
« Si j’ai envie de frites, alors je mangerai une portion de légumes verts avant. »
Si on me propose une bonne bière, je proposerai qu’on la partage à deux pour un double plaisir.
c) Renforcer ses habitudes.
Les bonnes habitudes demandent moins de volonté que des décisions prises sur le moment. Pour ancrer une habitude saine :
Commençons petit : remplaçons un élément à la fois (par exemple, boire un verre d’eau avant un repas pour réduire les fringales).
Utilisons le renforcement positif : récompensons-nous pour chaque succès (mais pas avec de la nourriture !).
Restons constants : la répétition rend l’action automatique.
d) Réduire les tentations.
Évitons l’exposition aux tentations, voilà une stratégie simple, mais efficace.
Ne gardons pas d’aliments trop tentants à portée de main.
Prévoyons des alternatives saines et appétissantes.
Évitons les courses quand nous avons trop faim : votre cerveau sera alors plus vulnérable aux achats impulsifs.
e) S’appuyer sur la pleine conscience.
La méditation et la pleine conscience aident à développer le contrôle de soi. En prenant conscience de nos envies sans agir immédiatement, nous augmentons nos chances de résister aux tentations.
f) Cultiver un état d’esprit axé sur la croissance.
Adoptons une mentalité de progression plutôt que de perfection, nous permettra d’éviter la frustration. Si nous cédons à la tentation, ne nous culpabilisons pas, mais analysons ce qui a conduit à cet écart et ajustons notre stratégie.
Conclusion
Booster sa volonté est un travail progressif, qui repose à la fois sur la compréhension des mécanismes cérébraux, la gestion des émotions et la mise en place de stratégies concrètes. En appliquant les quelques conseils si dessus dans votre quotidien, il deviendra plus facile de résister aux tentations et d’adopter un mode de vie plus aligné avec vos objectifs.
La clé du succès ? Faire de petits changements constants et s’entourer d’un environnement qui favorise vos bonnes décisions. Envie d’aller plus loin je vous conseille de lire ou de relire : https://nosetadam.com/index.php/2024/10/20/kaizen-lamelioration-continue-pour-transformer-notre-quotidien/ ou https://nosetadam.com/index.php/2025/02/02/petites-habitudes-grands-changements-transformez-votre-vie-facilement/
Et vous, à quoi succombez-vous trop facilement ? Quelle technique allez-vous mettre en place dès aujourd’hui pour renforcer votre volonté ? Dites-le-moi en commentaire, j’ai hâte de vous lire !
À très vite pour la suite.