
« J’ai encore oublié les clefs de ma classe… »
« J’ai son prénom sur le bout de la langue, mais impossible de le retrouver… »
Ces petites scènes du quotidien nous sont familières. Et souvent, elles déclenchent en nous un soupçon d’inquiétude : est-ce que je commence à perdre la mémoire ? Mon cerveau fonctionne-t-il moins bien qu’avant ?
Nous vieillissons tous. Et avec les années, une crainte discrète, mais tenace s’installe : celle de voir notre esprit s’émousser, de perdre nos capacités mentales, notre vivacité, notre clarté d’esprit. Est-ce une fatalité ? Une simple réalité biologique ? Ou un mythe culturel que nous avons fini par intégrer sans le remettre en question ?
Dans cet article, nous allons prendre un moment pour observer ce qui se joue réellement dans notre cerveau au fil du temps.
Nous allons démêler le vrai du faux, distinguer ce qui relève du vieillissement naturel, de ce qui peut être prévenu, freiné, voire amélioré.
Nous verrons aussi que si certaines fonctions cognitives évoluent avec l’âge, d’autres s’enrichissent, s’affinent, et peuvent même s’épanouir comme jamais auparavant.
Ensemble, explorons cette question avec lucidité, curiosité et confiance :
Notre cerveau perd-il vraiment de ses capacités quand nous vieillissons ?
1. Le cerveau change-t-il vraiment avec l’âge ?
La réponse est sans appel… Oui, notre cerveau change avec le temps.
Comme tous les organes du corps, il vieillit. Mais que cela signifie-t-il exactement ?
Vieillir ne veut pas dire décliner, cela veut dire évoluer. Et pour comprendre cette évolution, il faut d’abord regarder ce qui se passe concrètement sous notre crâne.
À partir de 35 ans très lentement, et plus nettement vers 60, le cerveau commence à connaître de légers changements structuraux et fonctionnels :
- Réduction progressive du volume cérébral, en particulier dans certaines zones comme le cortex préfrontal et l’hippocampe, liées à la prise de décision et à la mémoire.
- Diminution de la vitesse de transmission neuronale : notre temps de réaction peut s’allonger.
- Moins de dopamine et de sérotonine : cela peut influencer notre motivation ou notre humeur.
- Baisse de la plasticité synaptique : le cerveau crée de nouvelles connexions plus lentement qu’avant.
Ces changements sont normaux. Ils n’impliquent pas un effondrement des capacités, mais une modification de notre manière de traiter les informations.
Il est essentiel de distinguer deux réalités très différentes :
- Le vieillissement cognitif normal, qui inclut des oublis bénins (le nom d’une actrice, l’endroit où l’on a si bien rangé des outils indispensables dans l’instant, le payement de la dernière facture de téléphone).
- Les troubles neurodégénératifs, comme la maladie d’Alzheimer, qui touchent les fonctions cognitives de manière progressive et handicapante.
Oublier ponctuellement un rendez-vous est très différent d’oublier ce qu’est un calendrier.
Je me devais de faire cette distinction pour ne pas provoquer ou renforcer des croyances alarmistes ou limitantes. Vieillir ne signifie pas devenir incapable. Le déclin n’est pas systématique et fulgurant.
Des études en neurosciences ont montré que :
La mémoire épisodique (souvenirs personnels) diminue un peu avec l’âge, mais la mémoire sémantique (les connaissances générales) reste stable, voire peut augmenter.
Le jugement, la régulation émotionnelle et la capacité à prendre du recul se renforcent souvent avec les années.
La neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se modifier, reste active tout au long de la vie, surtout si elle est stimulée.
En d’autres termes, il est prouvé que ce que nous n’utilisons pas, nous risquons de le perdre. Mais ce que nous continuons à entraîner, à nourrir et à challenger peut continuer à grandir.
Oui, notre cerveau change. Mais ce changement ne doit pas être vu comme une perte inévitable : c’est une invitation à évoluer différemment, à utiliser nos forces différemment, et à mieux comprendre nos besoins cognitifs pour mieux y répondre.
2. Idées reçues sur le déclin cognitif
Dans notre société, le vieillissement est souvent perçu comme un lent déclin. On accepte sans trop de résistance l’idée que notre cerveau « s’abîme » avec le temps. Pourtant, nombre de ces croyances reposent davantage sur des peurs culturelles que sur des faits scientifiques. Démystifions les plus courantes.
- « Avec l’âge, on devient moins intelligent » àcette croyance est tenace… et fausse.
Il existe plusieurs formes d’intelligence. Ce qu’on appelle l’intelligence fluide (capacité à résoudre rapidement de nouveaux problèmes) peut légèrement diminuer avec l’âge. Mais l’intelligence cristallisée (l’expérience, les connaissances accumulées, le bon sens, la capacité à relier les idées entre elles) continue à se renforcer tout au long de la vie.
Un jeune adulte peut résoudre plus vite une énigme mathématique, mais une personne plus âgée aura plus de facilité à comprendre des enjeux complexes, nuancés, humains — notamment grâce à son vécu et son expérience.
Le cerveau n’est pas « moins intelligent » avec le temps : il traite différemment les informations, souvent avec plus de profondeur.
- « On ne peut plus apprendre passé 40 ans » à faux et heureusement pour moi.
La neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à créer de nouvelles connexions, existe à tout âge.
Des recherches montrent qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre une langue, un instrument de musique ou une compétence numérique… à condition que l’apprentissage soit motivant, progressif, et lié à des émotions positives.
Ce qui change, ce n’est pas la capacité à apprendre, mais le temps d’intégration et parfois la manière d’apprendre. Souvent les blocages sont plus du niveau émotionnel que cognitif.
Un apprentissage plus lent ne veut pas dire moins efficace, bien organisé, il peut même être plus durable.
- « C’est génétique, on n’y peut rien quand on est con on est… »
Certes, notre bagage génétique joue un rôle dans la santé de notre cerveau. Mais il n’est pas une fatalité. L’épigénétique, cette discipline qui étudie comment nos comportements influencent l’expression de nos gènes, a montré que notre hygiène de vie peut activer ou désactiver certains gènes liés au vieillissement cérébral.
En cumulent une série de facteurs tels qu’une alimentation saine (type méditerranéenne), de l’exercice physique régulier, de la stimulation intellectuelle, des relations sociales riches, une bonne gestion du stress… Certes il y a du travail, mais nous avons le pouvoir de changer et modifier ce que les gènes nous ont donné et influer sur notre santé mentale jusqu’à un âge avancé.
Comme vous le voyez, il est essentiel que nous remettions en question toutes ces croyances limitantes. Car elles freinent la motivation, renforcent les peurs et nourrissent une vision fataliste du vieillissement. Ce n’est pas parce que nos parents pensaient que l’on déclinait mentalement après 40 ans que c’est vrai. Les progrès en neuroscience prouvent le contraire.
Ce que nous croyons influence ce que nous devenons. Détachons-nous de ces pensées qui nous empêchent d’avancer et soyons le responsable de notre évolution neuronale.
3. Ce que nous perdons vraiment… et ce que nous gagnons
Il serait inconvenant de ma part de prétendre que rien ne change avec le temps. Oui, certaines capacités s’atténuent. Mais cette perte n’est ni généralisée ni tragique. Et surtout, elle s’accompagne souvent d’un gain subtil, mais profond : plus de sagesse, de recul, d’intuition.
Voyons cela en détail.
Ce que nous perdons (un peu)
Voici les fonctions cognitives qui peuvent décliner légèrement avec l’âge, même en l’absence de maladie :
- La vitesse de traitement.
Nous mettons plus de temps à réagir ou à traiter une information complexe. Cela ne veut pas dire que nous sommes moins compétents, seulement que le cerveau prend un peu plus de temps pour arriver à une réponse souvent plus nuancée.
- La mémoire de travail.
Il peut être plus difficile de garder plusieurs informations actives en même temps (comme retenir un numéro de téléphone tout en cherchant un stylo).
- La mémoire épisodique.
Les souvenirs récents (comme ce que l’on a mangé hier) peuvent être plus flous. Cela concerne le stockage et la récupération, pas l’intelligence elle-même.
Mais ces pertes sont souvent compensées naturellement par des stratégies : prise de notes, routines, reformulations, etc.
Ce que nous gagnons (souvent)
Le vieillissement n’est pas une déchéance : c’est aussi une transformation cognitive et émotionnelle.
- Une meilleure mémoire sémantique.
Les connaissances générales, les concepts, les mots, les idées abstraites s’enrichissent avec les années. On accumule du sens, on fait du lien et on connecte plus facilement les notions entre elles.
- Une meilleure régulation émotionnelle.
Les études montrent que les personnes d’âge mûr ont souvent moins de réactions impulsives, une meilleure gestion du stress et une capacité accrue à relativiser.
- Plus de recul, plus de sagesse.
Avec l’expérience, nous développons une capacité à voir les choses dans leur globalité, à faire preuve de discernement, à éviter les jugements hâtifs.
Ce que certains appellent « l’intelligence existentielle » ou « la sagesse émotionnelle ».
- Une pensée plus intégrative.
Nous avons parfois moins besoin de rapidité, car nous faisons appel à un réservoir de vécu. Notre cerveau devient plus stratégique, plus synthétique, plus orienté sens que performance immédiate.
- Une invitation à changer de regard.
Vieillir, ce n’est pas seulement ralentir. C’est aussi se recentrer. Mieux comprendre ce qui est essentiel. Faire preuve de plus d’humilité, de gratitude, d’adaptabilité.
Le philosophe stoïcien Sénèque écrivait :
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »
Et si nous osions repenser le vieillissement comme un affinement de nos capacités, plutôt qu’un effacement ?
4. Comment entretenir son cerveau au fil des années (l’approche de Jim Kwik)
Comme nous l’avons vu, vieillir ne signifie pas forcément décliner. Notre cerveau, bien que plus lent dans certains processus, reste malléable tout au long de la vie. C’est ici que l’approche de Jim Kwik devient inspirante et utile. Spécialiste mondial de l’optimisation des capacités cérébrales, il a accompagné des PDG, des étudiants, des enseignants et même des acteurs hollywoodiens à mieux exploiter leur cerveau.
Voici 5 stratégies concrètes, inspirées de ses travaux, pour entretenir et même booster nos capacités mentales. Elles demandent peu d’efforts, mais fournissent des résultats significatifs.
a. Le mouvement est un engrais pour le cerveau
« As your body moves, your brain grooves. » — Jim Kwik
Marcher, danser, s’étirer, bouger : tout cela active la neurogenèse et l’oxygénation cérébrale. Le mouvement stimule la concentration, la créativité et la mémoire. Une simple promenade quotidienne peut devenir un puissant outil d’entretien cognitif.
Marche 20 minutes par jour en écoutant un podcast ou un livre audio stimulant.
b. Apprendre pour enseigner (Effet protégé)
Apprendre, c’est bien. Enseigner ce que l’on vient d’apprendre, c’est mieux.
En expliquant à quelqu’un un concept appris, tu l’intègres plus profondément. Ce mécanisme augmente la compréhension et la mémorisation.
Dès que nous lisons ou apprenons quelque chose, reformule-le dans un post, un article de blog, un mail ou une discussion. C’est une gymnastique mentale redoutablement efficace.
c. Soignons notre « bain diet » (ce que nous mangeons… et consommons mentalement)
Jim Kwik insiste sur deux types d’alimentation :
- Alimentation physique: les myrtilles, les avocats, le brocoli, les noix, le saumon et le curcuma sont ses super-aliments du cerveau.
- Alimentation mentale: entoure-toi d’informations et de personnes qui élèvent ta pensée. Réduisons la « junk » info et privilégions des lectures, contenus ou échanges qui nous tirent vers le haut.
- d. Dormons comme des génies.
Le sommeil est un super pouvoir, selon Jim. C’est pendant la nuit que le cerveau consolide la mémoire, nettoie les toxines et se régénère.
Un manque chronique de sommeil accélère le déclin cognitif.
Couchons-nous et levons-nous à heures fixes, réduisons les écrans 1 h avant de monter et créons un rituel de sommeil.
e. Utilisons des techniques de mémorisation et de lecture rapide
Jim Kwik a bâti sa réputation sur des outils concrets comme :
- La visualisation pour retenir une liste, les acronymes ou les histoires mentales
- La lecture rapide active, qui booste l’apprentissage
- Chaque semaine, entraîne-toi à retenir une liste de mots ou un petit discours avec une technique de visualisation. Vieillir, oui. Régresser, non.
Notre cerveau est un muscle de liberté, et comme tout muscle, il a besoin d’exercice, d’énergie et de repos.
L’approche de Jim Kwik nous rappelle que la clé du progrès ne réside pas dans la perfection, mais dans la pratique régulière de petites actions à fort impact.
Et si, ensemble, nous faisions du vieillissement une opportunité d’épanouissement intellectuel ?
Conclusion : Et si le plus beau restait à penser ?
Vieillir n’est pas une condamnation du cerveau, mais une transformation de ses modes de fonctionnement. Si certaines aptitudes, comme la vitesse d’exécution ou la mémoire immédiate, déclinent avec le temps, d’autres qualités s’épanouissent : la profondeur, la créativité, le recul, la nuance.
Nous vivons dans une société qui valorise la performance, la jeunesse, la rapidité. Mais un cerveau qui vieillit n’est pas un cerveau « usé ». C’est un cerveau construit, habité, riche de sens, capable de voir plus loin que l’immédiat, de faire des liens invisibles aux plus jeunes, de sentir ce que l’on ne peut prouver.
Reprendre la responsabilité de notre santé cognitive, c’est refuser de laisser la peur, les clichés ou la résignation dicter notre rapport au temps. C’est choisir d’entretenir ce qu’il y a de vivant, d’adaptable et de libre en nous.
« Nous ne cessons pas de jouer parce que nous vieillissons. Nous vieillissons parce que nous cessons de jouer. » — George Bernard Shaw
Une invitation au courage et à la curiosité
Nous avons le pouvoir de stimuler notre cerveau jusqu’à notre dernier souffle. Par l’apprentissage, la rencontre, l’émerveillement, le rire, le silence, la transmission.
Et si vieillir, c’était aussi l’occasion de penser autrement ?
De ralentir pour mieux percevoir ?
De se désencombrer pour mieux s’élever ?
De faire de la place à l’essentiel, à la beauté, à la sagesse ?
Posons-nous les bonnes questions :
Qu’est-ce que je peux mettre en place pour entretenir mon cerveau chaque jour ?
Que puis-je réaliser d’original pour entretenir et développer mes connaissances ?
Qu’est-ce que j’ai appris aujourd’hui que je pourrais expliquer à quelqu’un d’autre demain ?
Quels mythes sur le vieillissement m’enferment encore ?
Qu’est-ce que je fais qui me fais penser que j’agis comme un vieux ? Est-ce vrai ? Si oui ! comment agir autrement ?
Mais aussi :
Quelles habitudes quotidiennes nourrissent (ou appauvrissent) mon cerveau ?
Est-ce que je bouge assez ?
Est-ce que mon alimentation est adaptée à mon âge ?
Quelle est la qualité de mes pensées aujourd’hui ?
Que puis-je encore apprendre qui m’enthousiasme vraiment ?
Vieillir ce n’est pas la fin des possibles, vieillir c’est chaque matin une occasion unique d’explorer quelque chose de nouveau à vivre.
À très vite pour la suite.