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L’anti-fragilité un pas plus loin que la résilience

Dans la première partie de cet article, nous avons abordé un sujet sensible, mais crucial : comment accueillir, traverser et dépasser la colère et le sentiment d’injustice ? Nous y avons exploré ensemble les mécanismes émotionnels et cérébraux à l’œuvre, partagé des pistes concrètes pour mieux canaliser cette énergie bouillonnante, et mis en lumière la résilience comme une première réponse essentielle : cette capacité à nous relever, à retrouver une forme d’équilibre après le chaos.

Si tu ne l’as pas encore lue, je t’invite à commencer par cette première étape https://nosetadam.com/index.php/2025/06/15/la-resilience-loutil-indispensable-a-notre-survie/. Elle pose les bases de ce que nous allons développer maintenant.

Car s’il est déjà puissant de résister, il est encore plus transformateur de profiter des secousses pour croître. Et c’est précisément ce que nous allons explorer : non plus simplement comment encaisser, mais comment évoluer grâce aux épreuves ? En d’autres termes : comment devenir anti-fragiles ?

Le concept d’antifragilité va au-delà de la résilience. Là où le résilient revient à son état initial après le choc, l’anti-fragile en sort grandi. Il tire parti de la perturbation, il s’en nourrit, il se renforce à travers elle.

Dans cette suite, nous allons découvrir comment cette posture peut nous aider à transformer nos injustices en carburant pour notre croissance intérieure. Car oui, il est possible de faire de ces moments qui nous abîment… des occasions de mieux nous connaître, de mieux nous positionner, et d’affirmer notre puissance avec justesse et humanité.

1.      Aller plus loin : de la résilience à l’anti-fragilité

 

La résilience, c’est déjà beaucoup. C’est la capacité de se relever après un choc, de panser ses plaies et de repartir. C’est admirable ! C’est nécessaire !

Mais dans un monde chaotique, incertain, rapide et souvent brutal… cela pourrait ne plus suffire.

Et si on allait plus loin que la résilience ?

Et si, plutôt que de simplement résister aux chocs, on apprenait à en tirer profit, à en sortir plus forts, plus malins, plus ajustés ?

C’est là qu’intervient le concept d’anti-fragilité, développé par le penseur libano-américain Nassim Nicholas Taleb.

Anti-fragile, mais qu’est-ce qu’on n’invente pas ! laissez-moi vous expliquer !

Taleb distingue trois types de systèmes :

 

Ce qui est fragile : ça casse sous le choc (un verre de cristal).

Ce qui est résilient : ça résiste, mais ne s’améliore pas vraiment (un ballon de rugby).

Ce qui est anti-fragile : ça se renforce grâce au désordre, au stress, à l’incertitude (le muscle, le système immunitaire et potentiellement toi).

L’antifragilité, c’est donc plus que survivre : c’est croître grâce au chaos.

Un peu comme si chaque coup porté par la vie devenait un coach personnel invisible qui t’aide à devenir plus fort, plus vif, plus sage. Bon d’accord pas très sympa, ce coach… mais redoutablement efficace.

Quelques exemples concrets d’anti-fragilité.

  • Ton corps après une séance de sport : tu le stresses, tu lui causes des micro-déchirures musculaires… et il en ressort plus fort (si tu ne le surentraînes pas). C’est l’hormèse.(j’adore ce principe j’y viendrais après)
  • Un entrepreneur qui échoue dans un projet, tire les leçons, et réussit le suivant : il a appris grâce à l’échec.
  • Les enfants qui tombent et se relèvent : plus on les surprotège, plus ils deviennent fragiles. Plus on les laisse explorer, tester, rater, plus ils développent des mécanismes internes de gestion du risque.
  • Les systèmes décentralisés (comme Internet ou certaines organisations communautaires) : ils ne dépendent pas d’un seul point d’échec, donc ils sont plus difficiles à abattre.

En clair, l’antifragilité est une stratégie d’évolution dans un monde qui n’obéit pas à nos plans linéaires, mais qui nous balance des imprévus comme on jette des glaçons dans un cocktail.

2.      Comment cultiver l’antifragilité dans sa vie ?

 

Voici maintenant comment nous pouvons, concrètement, développer cette posture intérieure. Pas à pas. Chacun à son rythme. Mais avec une stratégie claire : ne plus craindre l’instabilité, mais l’utiliser.

a.    Créer des micro-stress contrôlés : l’art de l’hormèse.

L’hormèse, c’est le principe biologique selon lequel une petite dose de stress renforce l’organisme.

Nous pouvons l’appliquer à notre vie :

Faire du sport, mais en progressant. Ni trop peu ni trop intense. Juste ce qu’il faut pour progresser et nous maintenir en forme. Le HIIT en est la parfaite illustration.

Pratiquer le jeûne intermittent (si cela nous convient). Où apprendre à manger que quand nous avons vraiment faim !

Nous confronter à des défis progressifs dans notre travail.

Mettre un peu de pression volontaire pour sortir d’un confort léthargique.

L’idée ? Créer des stress légers, mais réguliers pour entraîner notre système physique, émotionnel et cognitif à encaisser… et à se développer.

b.    S’exposer volontairement à l’inconfort

Vous voulez devenir anti-fragile ? Commençons par nous désensibiliser du trop de confort et confrontons-nous à l’inconfort. Non pas en cherchant la douleur pour elle-même, mais en reprenant contact avec notre pouvoir d’action dans l’inconnu.

Exemples :

  • Osons dire non quand nous avons peur de décevoir.
  • Parlons en public, même avec les mains moites.
  • Lançons-nous, même si le projet est imparfait.
  • Dormons une nuit sans confort, sans Wi-Fi, sans Netflix …
  • Soyons fous ! Sortons sans notre GSM.

L’inconfort vous parle ? C’est bon signe. C’est souvent là que nous apprenons.

« L’inconfort n’est pas un problème. C’est un signal de croissance. »

c.    Apprenons à sortir régulièrement de notre zone de confort.

Nous la connaissons bien, notre zone de confort. Elle est douce, moelleuse, Instagrammée.

Mais si nous voulons grandir, nous allons devoir étirer nos frontières. Régulièrement. Intentionnellement.

Pas de manière violente, mais en mode exploration :

  • Prenons un chemin différent pour aller au boulot.
  • Abordons un inconnu dans un événement pro.
  • Venez lire plus régulièrement mes articles. Abonnez-vous à ma newsletter.

L’idée, ce n’est pas d’abandonner le confort, mais de ne pas en devenir dépendant.

Ce que nous touchons en dehors de notre zone de confort, c’est là où nous nous donnons une chance d’évolution.

d.    Expérimentons, échouons, tirons des leçons rapidement de ces situations.

L’échec est soit un frein, soit un carburant. Tout dépend de la manière dont tu le traites.

Le monde anti-fragile repose sur un principe simple :

« Ce qui ne fonctionne pas m’enseigne ce qui peut fonctionner. »

Crée, rate, ajuste. —–>Teste, observe, modifie.

Posons des hypothèses, essayons, et apprenons plus vite que les autres.

Et surtout : ne prenons pas l’échec personnellement. C’est juste un retour d’informations.

Une flèche dans ton GPS intérieur.

e.    Apprenons à avoir une marge de manœuvre (optionnalité)

Taleb insiste sur ce concept-clé : l’optionnalité.

C’est quoi ce truc ? C’est le fait d’avoir plusieurs portes de sortie, plusieurs scénarios possibles, plusieurs ressources accessibles.

Un système anti-fragile n’a pas tout misé sur un seul levier.

Dans votre vie, ça veut dire :

  • Ne dépendons ni d’une seule source de revenus ni d’un seul mode de pensée.
  • Ayons du temps libre dans notre agenda pour improviser.
  • Cultivons des relations variées.
  • Développons des compétences transférables.

C’est la stratégie du vivant : diversité = adaptabilité = robustesse dynamique.

 

Et si vous vous construisiez vous aussi une vie avec des options, des marges, des buffers, des plans B… Z… et même des jokers que nous ignorons encore ?

Bref la résilience nous permet de nous relever.   L’anti-fragilité nous permet de nous élever.

Dans un monde qui change plus vite que nos habitudes, nous avons tout intérêt à évoluer comme les systèmes les plus vivants :

flexibles, curieux, adaptables, et capables de danser avec l’inattendu.

 

Plutôt que de chercher à éviter les coups du sort, nous pouvons nous préparer à les transformer. En énergie. En leçons. En tremplins.

« Ce qui nous bouscule, nous construits. Ce qui nous résiste nous guide. Ce que nous surmontons nous libère. »

Et si, à partir d’aujourd’hui, vous cessiez de vouloir “revenir comme avant”…

… pour plutôt devenir plus grand qu’avant ?

 

3.      Résilience collective et leadership anti-fragile.

 

Si la résilience est d’abord personnelle, elle devient redoutablement puissante lorsqu’elle est collective.

Un individu résilient peut survivre à bien des tempêtes.

Mais une équipe, une famille, une entreprise résiliente, c’est un navire qui ne se contente pas de flotter : il apprend à naviguer en pleine tempête, à réparer les voiles en mer et à garder l’humour même quand les mouettes font grève.

La résilience collective est un levier de transformation systémique. Et elle repose en grande partie sur les postures de ceux qui inspirent, impulsent, entraînent : les leaders antifragiles.

Déroulons ensemble cette triple dynamique.

Famille, couple, équipe, entreprise : comment créer un climat résilient

Un climat résilient, ce n’est pas un monde parfait sans tension ni conflit. C’est un espace où l’on peut tomber sans être jugé, se relever avec de l’aide, apprendre ensemble et évoluer sans crainte.

Dans une famille, cela commence par :

  • la reconnaissance des émotions (sans les minimiser ni dramatiser),
  • la possibilité de parler de ses échecs sans honte,
  • le droit de demander du soutien sans perdre sa dignité.

Dans un couple, cela passe par :

  • l’art du dialogue sans attaques personnelles,
  • la capacité à réparer les liens après les disputes,
  • le projet commun qui donne du sens même quand la météo émotionnelle est mauvaise.

Dans une équipe ou une organisation, cela se traduit par :

  • Une culture de la sécurité psychologique (Amy Edmondson) où chacun peut dire « je ne sais pas », « je me suis trompé », ou « j’ai besoin d’aide » sans craindre la mise à l’écart,
  • des rituels de retour d’expérience (feedback constructif, bilan collectif),
  • une valorisation de l’apprentissage plus que de la perfection.

 

Ce n’est pas l’absence de difficulté qui crée des relations fortes.

C’est la capacité à les traverser ensemble, avec respect, courage et souplesse.

Leaders antifragiles : ceux qui créent des environnements où l’échec devient apprentissage

Un leader antifragile n’est pas celui qui contrôle tout, anticipe tout, prévient tout.

C’est celui qui transforme l’imprévu en opportunité de croissance.

 

On  reconnaît ces leaders à plusieurs attitudes :

Ils ne cherchent pas à être infaillibles, mais modélisent la vulnérabilité assumée. Ils peuvent dire “je me suis trompé” et montrer que c’est une force.

Ils célèbrent l’apprentissage plus que les résultats bruts. Un échec bien analysé vaut souvent plus qu’une victoire non comprise.

Ils mettent en place des systèmes qui rendent l’organisation robuste face à l’imprévu : diversité des profils, rôles interchangeables, feedbacks constants, micro-expérimentations.

Ils cultivent la confiance : non pas une confiance aveugle, mais une confiance active, bâtie sur la clarté des intentions, la cohérence des actes, et l’écoute sincère.

“Les vrais leaders ne créent pas de suiveurs. Ils créent des gens capables de marcher sans eux.”

Et ça, c’est profondément anti-fragile.

Bien évidemment le coaching, individuel ou collectif,  joue un rôle clef dans la culture de la résilience. Il agit comme un miroir, un amplificateur et un catalyseur.

Voici quelques leviers puissants du coaching pour renforcer les dynamiques collectives :

La clarification des visions communes : Une équipe sans vision partagée, c’est comme un orchestre sans partition. Le coaching aide à accorder les instruments, à retrouver le tempo du sens commun.

Le traitement des tensions relationnelles : En aidant à désamorcer les conflits, à écouter les besoins sous-jacents, à rétablir la communication, l’accompagnement devient une sorte de “kinésithérapie relationnelle”.

Le développement de l’autonomie émotionnelle et cognitive : Le coaching apprend à chacun à mieux gérer son stress, à prendre du recul, à questionner ses croyances limitantes. Et quand chaque membre devient plus solide intérieurement, l’équipe entière gagne en fluidité.

La mise en place de feedbacks honnêtes et bienveillants : On n’avance pas en évitant les vérités, mais en apprenant à les dire avec humanité.

Enfin, l’accompagnement est un lieu où l’on réapprend à apprendre. Et dans un monde mouvant, cette compétence est plus précieuse qu’un plan de carrière.

Ça, c’est la théorie, mais quand est-il dans la réalité ?

La résilience n’est pas un super-pouvoir individuel réservé aux plus costauds. C’est une compétence collective que nous pouvons cultiver ensemble.

Les familles, les couples, les équipes, les entreprises résilientes ne sont pas celles qui évitent les tempêtes. Ce sont celles qui ont appris à s’y adapter ensemble, à s’y renforcer, à y puiser du sens.

Et les leaders anti-fragiles, ce ne sont pas des super-héros. Ce sont des hommes et des femmes qui créent les conditions de la croissance humaine dans l’incertitude.

Et si notre vulnérabilité était notre plus grande force ?

 

Nous vivons une époque où l’incertitude est devenue la règle, pas l’exception. Où les repères bougent plus vite que les GPS. Où la fragilité humaine est exposée, médiatisée, parfois moquée… mais rarement valorisée pour ce qu’elle peut vraiment devenir : un point de bascule vers notre puissance intérieure.

La résilience n’est pas un mot à la mode. Ce n’est pas non plus une formule magique pour rester debout. C’est une posture. Un choix. Une discipline même, oserais-je dire. Celle de regarder nos épreuves en face, sans nous mentir. De leur dire : “Tu ne m’as pas détruit. Tu m’as révélé.”

Et parfois, même : “Merci.”

Mais nous pouvons encore aller plus loin.

Car si la résilience nous permet de survivre, l’antifragilité nous pousse à grandir grâce au chaos. Non pas malgré lui, mais à cause de lui.

Elle nous invite à expérimenter, échouer, ajuster. À voir dans l’échec non pas une fin, mais une forge. À cultiver des micro-stress, des inconforts choisis, des zones de croissance permanentes.

Et si nous acceptions l’idée que la croissance n’est pas confortable, mais que l’inconfort peut devenir fertile ?

Et si, au lieu de chercher à tout maîtriser, nous apprenions à surfer sur l’imprévisible, comme un art martial du vivant ?

Dans nos vies personnelles comme dans nos familles, nos couples, nos entreprises, il est temps de sortir du fantasme de la perfection…

… pour entrer dans la réalité du progrès vivant, humain, trébuchant, mais profondément transformateur.

Nous avons en nous, chacun, ce pouvoir discret, mais immense : celui de choisir notre posture face à l’épreuve. Et ce pouvoir, une fois activé, peut inspirer un collectif tout entier.

Alors, osons.

Osons devenir non seulement résilients, mais antifragiles.

Osons incarner cette force tranquille, joyeuse, imparfaite… mais libre.

Et si un jour, quelqu’un nous demande :

« Comment fais-tu pour tenir malgré tout ça ? »

Nous pourrons lui répondre, avec un clin d’œil et beaucoup de tendresse :

« Je ne tiens pas… je me transforme. »

À très vite pour la suite.

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